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mardi, 11 février 2014

Tous à poil ! suite... tribunes de Sylvie Vassalo et Claude Ponti

Pour une fois que l'on parle d'un livre jeunesse, on peut regretter que ce soit dans ces conditions. Mais voici des personnes ici et là qui se lèvent, écrivent pour réagir et défendre la littérature jeunesse, il était temps !!!!

Tous-a-poil_cover1.jpgTribune dans Le Monde de Sylvie Vassalo,

Le sang de Jean-François Coppé n'aurait fait qu'un tour en découvrant l'album de Claire Franek  et Marc Daniau « Tous à Poil » où une série de personnages se déshabillent pour aller se baigner. Parmi eux figurent le chien, la maîtresse et le président directeur général, il y voit une incitation à braver les autorités. Rien de moins !

 Que doit-il penser de « l'immoralité » du Petit Poucet qui raconte comment des parents pauvres cherchent tout bonnement à se débarrasser de leurs enfants ; de Boucle d'or et les trois ours où une petite fille s'octroie le droit de squatter une maison qui n'est pas la sienne ; de Barbe bleue, conte particulièrement cruel sur la domination masculine ?

Ou de récits plus actuels : Max et les Maximonstres, histoire d'un petit garçon qui tient tête à sa maman ; Comment on fait les bébés qui opte pour un humour débridé sur la grande question de la vie ( eh oui il se raconte dans les livres que les bébés ne naissent ni dans les roses, ni dans les choux) ?

N'en plaise à Jean-François Copé, la littérature pour enfants n'est pas le lieu de l'apprentissage et de l'éducation, ni morale, ni sexuelle. La littérature raconte des histoires. La fiction permet aux enfants de se comprendre, d' apprendre l'autre, de se confronter aux peurs qui les taraudent, d' apporter des réponses aux multiples interrogations qui les traversent.

 UNE DISTANCE QUE LES ENFANTS COMPRENNENT PARFAITEMENT

 Bref la littérature les accompagne, les interpelle, les rassure, les ouvre à de grands sujets : la vie, les rapports à l'adulte, l'altérité, la mort, le monde… Il y a dans la littérature en général, donc dans la littérature de jeunesse, une distance que les enfants comprennent parfaitement. C'est pour « de faux », eux le savent bien. L'humour, la poésie, la loufoquerie sont souvent les vecteurs qui signalent cette distance.

 Les propos de Jean François Copé pourraient donc prêter à sourire : ce livre ne figure pas dans liste préconisée par l'éducation nationale et l'album en question est bien inoffensif : « la maîtresse en maillot de bain » n'est-elle pas une ritournelle de cours de récréation ?

 Il est troublant cependant que depuis quelques mois les attaques sur le contenu « pernicieux » de la littérature de jeunesse se multiplient. Il est inquiétant également que certains confondent plus ou moins délibérément les manuels scolaires qui servent à « faire la classe » comme le dit Jean François Copé et la littérature de jeunesse.

 Cette dernière, si elle a effectivement toute sa place à l'école, garde néanmoins au sein de l'institution scolaire un rôle essentiel : raconter des histoires, découvrir des contes, des fables. Elle possède à ce titre un statut particulier celui de multiplier les points de vue. 

 Loin de moi l'idée de prendre à la légère ce que l'on met dans les mains des enfants. Mais les auteurs, les illustrateurs, les éditeurs qui font la littérature de jeunesse, les bibliothécaires, les libraires, les enseignants, médiateurs qui la transmettent sont des professionnels attentifs, compétents et sérieux.

 Certes, il peut et il y a matière à discussion, dès lors que l'on s'attache à ouvrir le débat autrement que par des polémiques politiciennes et stériles.

 Le Salon du livre et de la presse jeunesse va fêter ses trente ans cette année et l'on s'honorera de  mettre en valeur tous les grands livres qui, comme les cours de récréation, bruissent d'impertinence.

Sylvie Vassallo (directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis) 11  février 2014

Tribune de Claude Ponti dans Libération

619382-ponti_blaise2.jpgTous à poil !

Chaque fois qu’une personne parle de ce qu’elle ne connaît pas, elle se ridiculise. Chaque fois qu’une personne politique parle de ce qu’elle ne connaît pas, elle se ridiculise et elle fait du mal, bêtement, à la politique, et sciemment à ce qu’elle vise.

Dire qu’un livre pour enfant est nul parce qu’il n’y a pas beaucoup de texte, c’est dire que la Joconde est sans intérêt puisqu’elle est sans texte, et que Mein Kampf («mon combat»), le livre de Hitler, est génial, puisqu’il est plein de mots et sans dessin. C’est être bête et se ridiculiser.

Critiquer un livre pour enfant sans le comprendre est bête. Oublier qu’un livre pour enfant est toujours acheté par un(e) adulte, en général de la famille directe de l’enfant, ou présenté par une personne libraire, enseignante ou bibliothécaire est bête, ces personnes adultes savent lire et comprendre. C’est donc insultant et méprisant de la part d’une personne politique qui pense parler à «ses» électrices et électeurs qu’il juge incapables.

Est-ce utile de parler de la qualité intellectuelle de la personne politique qui tiendrait de tels propos, de son intégrité morale, de sa loyauté, de son honnêteté ? Non. De parler de la franchise, de la loyauté, de l’honnêteté envers les enfants dans la littérature qu’on leur propose ? Oui. Ils y ont droit. Comme vous et moi, quel que soit leur âge.

Les enfants méritent le meilleur de nous. Pas l’à-peu-près, pas la manipulation ou l’utilisation, jamais l’ignorance, l’hypocrisie ou l’incompétence.

Claude Ponti, auteur de littérature jeunesse

Tribune d'Alain Serres pour Rue du monde

Protégeons nos enfants !

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